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Paula Tiszai (à gauche) pense que les patients comme sa mère, Ritva Tiszai, bénéficieraient de MedSécure, un outil automatisé assisté par ordinateur qui aide les médecins et les pharmaciens à passer en revue les médicaments prescrits et, lorsque possible, à en éliminer pour limiter les effets indésirables.
Paula Tiszai s’inquiète des médicaments que prend sa mère, Ritva Tiszai, 85 ans. Au fil des ans, l’aînée a connu des délires, des troubles de comportement, des difficultés à s’alimenter, des chutes et d’autres problèmes parce que ses médicaments (p. ex. antipsychotiques) ou la dose prescrite ne lui convenaient pas.
« Elle ne pouvait ni marcher, ni parler, ni fonctionner, raconte la fille. Ses médicaments ne l’aidaient pas, ils lui nuisaient. À cause de ce qui est arrivé, elle a maintenant peur des aiguilles. » Une fois, sa mère, atteinte de démence, a commencé à s’agiter à l’hôpital. « Ils l’ont immobilisée et ont fait venir la sécurité au lieu de m’appeler. Par chance, je passais la visiter et je leur ai dit que ce n’était pas son comportement habituel. »
Elle croit que les patients comme sa mère bénéficieraient du projet MedSécure, en cours d’octobre 2018 au printemps 2019 à L’Hôpital d’Ottawa.
MedSécure est un outil électronique qui aide les médecins et les pharmaciens à savoir quels médicaments un patient peut arrêter. Il examine les antécédents médicaux et la liste de médicaments du patient et recommande, par ordre de priorité, les médicaments à éliminer parce qu’ils sont inutiles ou susceptibles d’entraîner des effets secondaires indésirables ou d’interagir avec d’autres médicaments. L’outil s’appuie sur les critères fondés sur des données probantes de Choisir avec soin, de Beers et de l’outil STOPP/START.
Rita Tiszai (en avant) est atteinte de démence. Elle a connu des troubles de comportement, des difficultés à s’alimenter, des chutes et d’autres problèmes parce que ses médicaments (p. ex. antipsychotiques) ou la dose prescrite ne lui convenaient pas.
MedSécure vise à réduire les effets indésirables des médicaments, qui engendrent 27 000 hospitalisations chaque année au Canada. Les effets graves entraînent jusqu’à 20 % des hospitalisations chez les aînés, qui sont les plus sujets à prendre cinq médicaments ou plus en même temps. La revue des médicaments peut prévenir beaucoup de ces effets indésirables.
« C’est la plus grande étude du genre au monde. C’est une première », affirme le Dr Allen Huang, qui codirige (avec les Drs Alan Forster et Babak Rashidi et le pharmacien Derek Dyks) l’exécution de l’essai au site d’Ottawa. Effectué à l’échelle du Canada, l’essai vise à déterminer l’efficacité de MedSécure à réduire les chutes dans les hôpitaux, la durée de séjour, les réadmissions et les effets indésirables des médicaments après le congé.
« Comme Google Maps dans une ville inconnue, MedSécure nous aidera à nous orienter », explique le Dr Huang, chef de la division de gériatrie de L’Hôpital d’Ottawa et de l’Université d’Ottawa.
« Trop de patients prennent des médicaments devenus inutiles depuis des années, poursuit le Dr Huang. Par exemple, on peut avoir prescrit des antidépresseurs à une femme atteinte de dépression postpartum il y a 30 ans, et elle les prend toujours parce que personne ne lui a dit d’arrêter. »
« C’est un problème dont tout le monde souffre », se désole Kira Slivitzky, une assistante de recherche clinique qui recrute des participants pour l’essai de MedSécure. « Les patients aiment ne pas avoir à s’inquiéter de tous les médicaments qu’ils prennent, ou en avoir moins. »
Les médecins de famille recevront les recommandations de MedSécure une fois le patient renvoyé chez lui, pour pouvoir effectuer un suivi.
« Avant, les médecins avaient tendance à prescrire trop de médicaments, explique Paula Tiszai. S’ils masquent le problème, les patients ne peuvent plus leur dire ce qui ne va pas, comme la douleur ou l’inconfort. Ma mère a vécu la Deuxième Guerre mondiale, on ne peut pas la forcer à faire quoi que ce soit. Les méthodes douces fonctionnent : elles permettent aux patients de signaler les problèmes. »
La mère de Paula se porte beaucoup mieux aujourd’hui, et elle prend moins de médicaments.
« Plus on diminuait ses médicaments, plus son état s’améliorait », observe sa fille.
L’essai clinique, financé par les Instituts de recherche en santé du Canada, a lieu dans 11 hôpitaux canadiens, de Montréal à Vancouver.
Le Dr Huang et ses collègues étudient également les moyens d’intégrer MedSécure à Epic, le réseau numérique de renseignements sur la santé que L’Hôpital d’Ottawa implantera en juin 2019.
Pour un hôpital comme L’Hôpital d’Ottawa, des estimations prudentes évaluent à 4 millions de dollars par année les économies qu’un système de prescription électronique anticipant automatiquement les problèmes permettrait de réaliser par la réduction des effets indésirables et des poursuites judiciaires. Le Dr Huang estime que MedSécure pourrait faire économiser davantage grâce à sa revue complète des médicaments et des affections des patients.
« Cet outil est un grand pas en avant pour la médecine. »
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