
Après sa dernière séance de radiothérapie, Robert Ukaliannuk, un patient inuit, fait résonner le triangle et exprime sa joie par une danse de guérison traditionnelle en se secouant pour se débarrasser de l’épreuve traversée.
Après sa dernière séance de radiothérapie, pendant que d’autres patients tapaient des mains, Robert Ukaliannuk a fait résonner le triangle et a exprimé sa joie par une danse de guérison traditionnelle en se secouant pour se débarrasser de l’épreuve traversée. Mais c’est une joie douce-amère, compte tenu du long parcours qui l’a mené jusqu’au Centre de cancérologie de L’Hôpital d’Ottawa.
« Se secouer, comme un chien le ferait, fait partie du processus de guérison. On laisse tout derrière soi et on reprend notre vie », explique M. Ukaliannuk, âgé de 49 ans, qui a vaincu l’alcoolisme un an avant de recevoir un diagnostic de cancer du poumon de stade 4.
Juste avant de quitter l’hôpital en mai, il a voulu raconter son histoire, marquée par l’itinérance, l’alcoolisme de ses parents, les suicides de deux de ses frères et la disparition de sa sœur de cinq ans qui était dans un pensionnat et qui fut plus tard retrouvée assassinée.
« Ils ne l’ont pas dit à mes parents, raconte-t-il. C’était avant ma naissance. On m’a donné son nom, dans ma culture : Alakah. C’était l’aînée de mes sœurs. »
Ukaliannuk a témoigné sa gratitude aux infirmières et aux médecins de l’Hôpital qui ont si bien pris soin de lui. Sa voix était réduite à un chuchotement en raison d’une biopsie à la partie supérieure des poumons, mais il a persévéré dans son récit qui illustre à quel point la colonisation et le système des pensionnats indiens continuent d’avoir des répercussions sur les peuples autochtones.
« Ce n’est pas pour rien que l’on voit tant d’Autochtones dans les rues », affirme Carolyn Roberts, infirmière pivot auprès des patients autochtones au Centre de cancérologie. « La “compétence culturelle” signifie que l’on comprend pourquoi il a eu une vie difficile et ce qui l’a amené ici. »
Le compagnon de chambre de Robert Ukaliannuk dans un centre de traitement lui a fait découvrir une tradition des Premières Nations qui consiste à utiliser le foin d’odeur et le cèdre pour se purifier et guérir. « Ça sent bon, confie M. Ukaliannuk. Ça m’aide à garder la tête froide. »
Originaire d’Igloolik, au Nunavut, M. Ukaliannuk a grandi à Iqaluit, puis il a déménagé à Ottawa il y a environ 20 ans. Il a suivi un cours de charpenterie et travaillé comme ouvrier, mais il a principalement vécu dans la rue. Il y a environ un an, il a pris sa vie en mains : il est allé dans un centre de traitement et a cessé de consommer de l’alcool. Au Centre de santé autochtone Wabano, sur le chemin Montréal, il participe à des groupes de soutien et à des séances de sudation, il a appris à prier et il rencontre son médecin de famille.
« Ma famille entière a été touchée par les pensionnats indiens, mais les gens ne le savent pas, explique M. Ukaliannuk. Mon père et ma mère sont devenus alcooliques parce qu’ils ne savaient pas comment faire face à la situation. Ils se blâmaient l’un l’autre pour ce qui était arrivé à ma grande sœur parce qu’elle était simplement disparue… Ma mère a appris l’existence de la tombe de ma sœur seulement 50 ans plus tard. Elle est à Québec. »
Selon le rapport Ma vie, mon bien-être du Centre de santé autochtone Wabano : « Au fil des générations, les pertes et les chagrins s’accumulent entraînant […] divers symptômes, traumatismes et réactions comportementales. […] Comme un traumatisme intergénérationnel a un effet sur une famille et une communauté, il en va ainsi pour la guérison : elle peut être contagieuse. »
Malheureusement, Robert Ukaliannuk est décédé peu de temps après avoir raconté son histoire. L’Hôpital d’Ottawa lui est reconnaissant d’avoir raconté son histoire qui a permis d’améliorer les soins aux patients.

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