
Quatre ans après le début de son essai, Beth Ciavaglia jongle avec un emploi du temps chargé : mère de deux enfants, directrice exécutive d’un organisme local de bienfaisance et intervenante en faveur des patients dans la recherche sur le cancer.
Les essais cliniques constituent un élément essentiel de l’amélioration des soins de santé offerts aux personnes atteintes d’un cancer. Un essai clinique est une étude de recherche au cours de laquelle des patients acceptent bénévolement de tester des traitements, comme des médicaments et des actes médicaux, afin que les chercheurs puissent cerner leur efficacité dans le traitement des maladies et dans l’amélioration de la qualité de vie.
S’il est vrai que la plupart des essais cliniques sur le cancer se concentrent sur l’évaluation de nouveaux traitements, une équipe de chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa adopte une approche très différente.
Le programme de reconception des essais cliniques (REaCT) vise à comparer les traitements standards actuels afin de trouver ceux qui fonctionnent le mieux pour les patients cancéreux. Cela signifie que les conclusions tirées des essais REaCT peuvent aider un large éventail de patients quasiment immédiatement – et non pas des années plus tard.
Un autre aspect caractéristique du programme REaCT est le fait qu’il soit vraiment centré sur le patient. REaCT accompagne les patients et leurs proches à chaque étape de leur parcours, de la formulation d’idées à la conception d’études, en passant par le partage des résultats. Contrairement aux essais conventionnels, qui sont très sélectifs dans le choix des patients pouvant y participer et très coûteux à gérer, les essais REaCT sont pragmatiques et à faible coût, à savoir qu’ils englobent un large éventail de patients, qui n’ont pas besoin de visites supplémentaires en dehors de leurs soins courants. Plus nombreux sont les patients qui s’y inscrivent, et plus nombreux sont les enseignements que nous pouvons en tirer, ce qui se traduit par une amélioration des traitements et des pratiques.
« Notre objectif est de réaliser des essais qui ont une importance pour les patients, de dire le
Dr Mark Clemons, scientifique, oncologue médical et l’un des fondateurs du programme REaCT. Les patients nous disent ce qui ne fonctionne pas, et nous concevons un essai pour répondre à ces
questions ».
Depuis son lancement en 2014, REaCT est devenu le plus important programme pragmatique d’essais cliniques sur le cancer au monde, avec plus de 5 000 patients inscrits à des essais dans des établissements de santé partout au Canada. REaCT a influencé la pratique de la médecine au Canada comme dans le reste du monde.
Beth Ciavaglia est l’une des plus ardentes défenseures du programme REaCT auprès des patients et vient de terminer un essai qui pourrait un jour changer la vie des personnes atteintes d’un cancer du sein dans le monde entier.

La vie post-traitement : L’histoire de Beth
Beth a appris qu’elle était atteinte d’un cancer du sein de stade 3 quelques semaines avant son 40e anniversaire. Après avoir terminé ses séances de chimiothérapie sous les soins du Dr Clemons, Beth s’est jointe à un essai REaCT portant sur un médicament appelé le zolédronate, qui réduit le risque de récidive du cancer du sein. Le protocole standard consiste pour les patients à recevoir une dose tous les six mois pendant trois ans, mais Beth recevrait une seule dose en une seule fois.
Avec cet essai qui constituait une première mondiale, les chercheurs souhaitaient savoir si une dose unique serait aussi efficace que les sept doses habituelles. Le fait est que bien que les médicaments anticancéreux puissent être très efficaces, ils peuvent également engendrer des effets secondaires débilitants qui réduisent considérablement la qualité de vie, comme des maux, des douleurs et des symptômes semblables à ceux de la grippe.
« D’excellents médicaments sont commercialisés, mais le dosage standard repose toujours sur le maximum que le patient peut tolérer », explique la Dre Marie-France Savard, chercheuse-clinicienne au sein du programme REaCT et oncologue médicale à L’Hôpital d’Ottawa. « Pour certains de ces médicaments, nous savons qu’une dose plus faible peut faire la même chose avec moins de toxicité ».
Cela a trouvé écho chez Beth. « À ma demande, j’ai en fait mis fin à ma chimiothérapie une séance plus tôt que prévu. Je n’en pouvais plus, se souvient-elle. Le Dr Clemons m’a soutenue dans ma décision d’arrêter. Et en dépit du fait de nous écarter du traitement standard, j’ai appris plus tard lors d’une chirurgie qu’il n’y avait plus aucune trace de cancer ».
Bien que Beth ait ressenti les effets secondaires habituels du zolédronate, elle est reconnaissante de n’avoir eu à prendre qu’une seule dose. « Je ne suis pas certaine que j’aurais pu prendre les sept doses », précise-t-elle.
Cet essai permet de penser qu’une seule dose est tout ce dont les patients ont besoin. « Les résultats obtenus ont été absolument les mêmes, à l’exception de la faible toxicité », indique le Dr Clemons.
Quatre ans après avoir commencé l’essai en question, Beth n’a eu aucune récidive de son cancer et aucun effet secondaire à long terme lié à la prise du zolédronate. Cet automne, elle a eu son tout dernier rendez-vous de contrôle avec l’équipe du REaCT. « J’ai officiellement terminé! », annonce Beth avec joie.
Beth est à présent une patiente-partenaire de recherche avec l’Institut de recherche Terry Fox et les Instituts de recherche en santé du Canada, en donnant de la rétroaction aux chercheurs sur ce qui est important pour les patients. La qualité de vie est en haut de cette liste.
« J’ai l’impression qu’il existe cette opinion sociétale selon laquelle à la fin de votre traitement, vous allez bien. Il y a certes des séquelles du traitement avec lesquelles il va falloir vivre le reste de sa vie, explique cette maman de deux enfants. Vous voulez que cette vie d’après ressemble autant que possible à votre vie d’avant. Et c’est la raison pour laquelle le programme REaCT est si important ».

Réaction du milieu médical
REaCT apprend beaucoup à la communauté internationale sur comment améliorer la vie des patients atteints d’un cancer.
Une autre étude sur le cancer du sein dans le cadre du programme REaCT a changé les normes de soins pour les personnes atteintes d’un cancer du sein dans le monde entier. Axé sur un médicament appelé le filgrastim, qui est couramment utilisé pour prévenir les infections, cet essai a conclu que l’administration de cinq doses est tout aussi efficace que celle des sept à dix doses habituelles.
Ces médicaments étant souvent très chers, REaCT a montré qu’en optimisant le dosage, le système de santé peut faire d’importantes économies dans les coûts d’acquisition des médicaments, les analyses de sang, et bien plus.
Le regard tourné vers l’avenir, le Dr Clemons et son équipe envisagent d’élargir l’éventail des cancers traités dans le cadre de ce programme.
« Nos données sont publiques, et le monde entier les connaît. Nous ne voulons certes pas donner dans la complaisance et nous reposer sur nos lauriers, d’ajouter le Dr Clemons. Nous devons poursuivre nos travaux de recherche qui permettent d’améliorer les résultats pour les patients afin qu’ils puissent vivre la vie qu’ils ont choisi de vivre ».
Pour en savoir plus sur la manière dont le programme REaCT réalise des essais cliniques différemment, et vous informer sur les essais cliniques en cours, veuillez visiter le site Web du programme REaCT.

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