Shannon Leduc, responsable au sein du Service paramédic d’Ottawa (à gauche), et le Dr Christian
Vaillancourt, chercheur en médecine d’urgence (à droite), tiennent une planche dorsale et un collet cervical, ce qui fournit un support rigide durant le déplacement de patients traumatisés. Malheureusement, ce n’est pas l’idée de confort que se font la plupart des gens.
Lorsque Shannon Leduc était ambulancière formée en soins primaires au début des années 2000, elle est intervenue à la suite d’un appel concernant une personne victime d’une blessure à la colonne cervicale.
À son arrivée sur les lieux, le patient était mobile, mais il ne se souvenait pas s’il avait fait une chute. Comme il souffrait peut-être d’une très grave blessure au cou, le protocole à l’époque imposait à Shannon de l’immobiliser avant de l’emmener à l’hôpital. Cela signifie qu’elle a dû lui mettre un collet cervical autour du cou et l’attacher à une planche rigide pour empêcher tout mouvement de la colonne.
Il y a eu certes quelques obstacles à surmonter.
« Le patient se trouvait dans une maison de chambres, au demi-sous-sol, se souvient Shannon, aujourd’hui responsable au sein du Service paramédic d’Ottawa. « La cage d’escalier était si étroite que même la planche dorsale ne passait pas. Nous avons dû évacuer le patient de biais, en montant ces vieux escaliers en bois exigus ».
Si Shannon devait être confrontée à la même situation aujourd’hui, elle agirait sans doute différemment à plusieurs niveaux. « Le patient aurait pu sortir sur ses deux jambes, dit-elle, ce qui aurait été plus sécuritaire à la fois pour lui et les ambulanciers ».
De nos jours, en Ontario, la grande majorité des patients traumatisés présentant un faible risque peuvent être transportés à l’hôpital sans devoir utiliser la planche gênante et inconfortable. Et des plans sont en cours pour que la plupart d’entre eux puissent être transportés même sans un collet.
Shannon, ses collègues ambulanciers partout en Ontario et des chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa ont tous joué un rôle important dans la concrétisation de ces changements. Alors que leur histoire épique, datant de plusieurs années, touche enfin à sa fin, découvrez comment les chercheurs et les ambulanciers forment une solide équipe capable de révolutionner les soins aux patients.
Répondre aux inquiétudes des patients
À l’époque où Shannon était sur la route, les ambulanciers devaient immobiliser tous les patients susceptibles d’être blessés à la colonne cervicale, même ceux ne présentant aucun signe visible de blessure. La raison était que les ambulanciers devaient jouer la carte de la sécurité et permettre aux médecins et aux infirmières de l’Urgence de décider s’il fallait retirer le matériel d’immobilisation du patient, ce qui n’était généralement le cas qu’après la réalisation d’un examen d’imagerie diagnostique.
Or, les patients qui ne présentaient pas de lésion de la colonne cervicale passaient souvent des heures inutilement attachés à une planche dorsale, ce qui entraînait une gêne importante, voire des douleurs, cette planche pouvant provoquer des points de pression sur la colonne vertébrale.
« De plus en plus, nous avons compris l’inconfort et la douleur ressentis par les patients ainsi que l’augmentation des ressources de soins de santé qui en résultait, comme les examens d’imagerie médicale inutiles et les retards pour les ambulanciers », explique le Dr Christian Vaillancourt, chercheur en médecine d’urgence et scientifique principal au sein du Programme de recherche sur les soins de courte durée de L’Hôpital d’Ottawa. « Dans le meilleur des cas, les ambulanciers pourraient utiliser une règle de décision clinique pour décider s’il faut ou non immobiliser un patient ».
Porter un nouveau regard sur une vieille règle
Le Dr Vaillancourt et son équipe de chercheurs ont collaboré avec des services paramédics à l’échelle de l’Ontario dans le cadre de deux études ayant démontré que les ambulanciers pouvaient établir avec exactitude quels patients présentaient un faible risque de blessure à la colonne et n’avaient donc pas besoin d’être immobilisés ou de devoir faire un examen d’imagerie médicale.
Pour évaluer les patients, les ambulanciers ont utilisé la Règle canadienne concernant la radiographie de la colonne, un ensemble de critères conçus par le Dr Ian Stiell de l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa il y a plus de 20 ans. Avant la première étude menée par le Dr Vaillancourt avec le Service paramédic d’Ottawa entre 2010 et 2015, seuls les urgentologues et le personnel infirmier pouvaient évaluer les patients à l’aide de cette règle, dont ils se servaient pour décider si la planche dorsale et le collet pouvaient être retirés.
Cette étude a certes connu un tel succès que le ministère de la Santé de l’Ontario a autorisé les ambulanciers d’Ottawa à continuer de transporter les patients sans les immobiliser tant qu’ils satisfaisaient à ladite règle, une victoire pour les patients comme pour les collègues de Shannon. « Des ambulanciers m’ont dit que c’était la chose la plus importante qui ait permis d’améliorer leur carrière », de dire Shannon, qui a contribué à la formation d’ambulanciers d’Ottawa pour évaluer les patients en ayant recours à cette même règle.
En 2017, avant que le Dr Vaillancourt ne termine une seconde étude couronnée de succès avec les services paramédics de la province, le ministère de la Santé de l’Ontario a instauré un nouveau protocole permettant à la plupart des patients à faible risque d’être transportés sans planche dorsale. « Inspiré et guidé par nos travaux de recherche, le Ministère s’est débarrassé de l’aspect le plus douloureux de l’immobilisation », d’ajouter le Dr Vaillancourt.
Le Ministère examine actuellement la possibilité de permettre à tous les ambulanciers de l’Ontario de ne pas mettre de collet si le patient satisfait à cette règle. Le Dr Vaillancourt collabore en ce moment avec le Ministère pour régler les derniers détails et élaborer un programme de formation destiné aux ambulanciers.
L’Hôpital d’Ottawa favorise la recherche sur les soins paramédicaux
Cela fait plus de 25 ans que L’Hôpital d’Ottawa travaille en étroite collaboration avec les services paramédics sur la recherche, mais les relations entre les chercheurs et les ambulanciers se sont renforcées au fil du temps.
« Par le passé, les chercheurs formulaient les questions de recherche et demandaient ensuite aux ambulanciers de les aider à y répondre, précise le Dr Vaillancourt. De nos jours, nous avons des champions paramédicaux dans nos études de recherche, et nous les consultons pour trouver ces questions. Personne ne comprend mieux les soins préhospitaliers qu’eux. Il y a de plus en plus de chercheurs dans ce domaine au Canada ».
Shannon, elle-même chercheuse paramédicale de formation, est depuis longtemps l’un de ces champions, en participant à toute une série de projets de recherche sur les soins paramédicaux avec l’Hôpital au fil des ans. « L’Hôpital d’Ottawa a favorisé notre propre capacité à faire de la recherche au sein de notre profession, dit-elle. Notre collaboration nous a permis, à nous ambulanciers, de mener des recherches qui aideront de nombreux patients avec le temps ».
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