Le Dr Jeff Turnbull retire un pansement pour examiner l’incision d’un patient tout en posant des questions pour savoir quel antibiotique prescrire et où le patient prévoit dormir et obtenir sa méthadone aujourd’hui.
Dans un autre refuge pour sans-abri, il bavarde avec un homme dans la cafétéria, puis s’étire pour lui examiner le cou. L’homme a le cancer de la gorge. Il veut s’assurer qu’il ira au Centre de cancérologie de l’Hôpital pour se faire traiter. « Nous avons un plan pour vous y amener. Ne vous inquiétez pas. »
Le Dr Turnbull ne fait pas seulement ses tournées à l’hôpital. Deux fois par semaine, il fait aussi le tour des refuges et des logements supervisés pour examiner les blessures, prescrire des traitements et parfois simplement pour regarder les gens dans les yeux, leur tenir la main et les assurer qu’ils sont importants.
« Quand quelque chose ne va pas, j’attends qu’il vienne et me dise quoi faire », avoue Randy Duncan, patient à la Mission d’Ottawa. « Le médecin fait tout ce qu’il peut pour aider tout le monde. Il ne s’arrête pas à nos croyances, à la couleur de notre peau ou à nos maladies. Il travaille fort. Il est là pour nous. »
Le Dr Turnbull collabore depuis des années au Projet de santé urbaine d’Ottawa, qui offre des services de santé aux sans-abri. Aujourd’hui, grâce au nouveau programme TED (Targeted Engagement and Diversion), il peut aider les sans-abri qui passeraient autrement entre les mailles du filet et continueraient d’aller à l’urgence pour des raisons non urgentes.
Pourtant, beaucoup d’entre eux ne veulent pas aller à l’urgence. Ils y sont amenés par des policiers, des paramédics, des pompiers et même des agents de sécurité d’OC Transpo. TED permet d’offrir des services hospitaliers là où se rassemblent les sans-abri. Ils ont ainsi plus facilement accès à des soins.
« On les appelle les “visages familiers” », explique le Dr Turnbull. Ses patients ont bien souvent des problèmes de santé mentale et de toxicomanie qui les maintiennent en état de crise perpétuel. L’équipe du programme TED essaie d’identifier rapidement les personnes à risque et d’établir de meilleurs plans de soins pour eux. « On les stabilise, avec du soutien, et les dirige vers les ressources appropriées, par exemple un programme de logements supervisés, de gestion de la consommation d’alcool ou de services psychiatriques. L’idée est de les faire entrer dans le système pour les sortir de l’état de crise. »
En obtenant régulièrement des soins médicaux, ils en viennent à utiliser les services d’urgence seulement lorsqu’ils en ont véritablement besoin. Un homme a par exemple reçu des soins à l’urgence 191 fois en six mois. Après avoir reçu des soins dans le cadre du programme, il n’est plus revenu à l’urgence. Voilà qui fait épargner des millions de dollars au système de santé chaque année, en plus de réduire les temps d’attente et le nombre de personnes turbulentes à l’urgence. On a aussi plus d’ambulances pour les personnes qui en ont réellement besoin.

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