
Les Drs Sony Singh (à gauche), Dan Margel, Hassan Shenassa et Kristina Arendas soignent des patients au Nunavut pour leur éviter de venir à Ottawa.
La Dre Alison Dugan envisageait une aventure intéressante la veille de sa première semaine au Nunavut il y a 10 ans. Elle a plutôt trouvé le travail difficile et arrivait mal à composer avec l’impact culturel du sud sur la santé des Nunavois, comme la hausse du taux de diabète.
« J’ai ensuite constaté que je pouvais aider », explique la Dre Dugan, représentante de L’Hôpital d’Ottawa auprès du gouvernement du Nunavut. « Je m’assure que les gens reçoivent de bons soins sans devoir quitter leur communauté. »
Elle est maintenant très fière de sa contribution et de celle de ses collègues. Chaque année, entre 30 et 40 médecins, résidents et techniciens d’une douzaine de services hospitaliers soignent des patients au Nunavut, une semaine à la fois. Ils se rendent généralement à Iqaluit, à l’Hôpital général Qikiqtani (35 lits), mais aussi dans des collectivités éloignées comme Pangnirtung, Arctic Bay et Resolute.
« J’aime aller là-bas, car j’y rencontre les gens dans leur milieu », déclare le Dr John Mahoney, un urologue qui y accompagne des résidents depuis cinq ans. « Si nous n’y allions pas, ils devraient venir à Ottawa pour une consultation. Cela leur permet d’éviter environ 90 % des déplacements. »
Sur le plan médical, les médecins trouvent le travail fascinant, car ils voient des problèmes de santé qui ont évolué sans traitement plus longtemps que dans le sud du pays. Une fois de retour à Ottawa, ils continuent d’offrir des conseils aux médecins de famille d’Iqaluit.
Les Drs Craig Campbell et Sony Singh dirigent une équipe de gynécologues et de résidents qui soignent entre 150 et 200 patients chaque semaine qu’ils sont à Iqaluit.
« Nous aimons passionnément le Nord », déclare le Dr Singh, qui est fasciné par les défis de communication. Par exemple, recueillir les antécédents médicaux prend du temps et des questions précises qui tiennent compte des croyances culturelles liées aux saignements abondants et à l’incontinence, par exemple.
Robert Chatelain, technologue responsable en tomodensitométrie, a participé à l’installation d’un nouveau tomodensitomètre à Qikiqtan il y a 18 mois, qui permet d’accroître considérablement les capacités de diagnostic. Les radiologues à Ottawa lisent ainsi les images qu’on leur envoie par Internet via satellite. M. Chatelain continue d’appuyer le gestionnaire de la radiologie à Qikiqtani en matière de contrôle de la qualité et de protocoles.
Le programme de télémédecine de l’Hôpital offre 54 services cliniques aux patients du Nunavut, ce qui leur épargne du temps, de l’argent et du stress.
« Ils acceptent mieux les soins offerts dans leur propre milieu », explique Anca Anghel, infirmière spécialisée en télémédicine. « Nous souhaitons leur offrir à distance la même expérience qu’ils auraient ici. Leur expérience peut être encore meilleure qu’ici en raison du contexte familier. »
Réussites du partenariat entre l’Hôpital et le Nunavut
Plutôt que d’envoyer des Nunavois nécessitant une étude du sommeil jusqu’à Ottawa, où ils dormiraient mal, les Dres Judith Leech et Alison Dugan ont amené des appareils de ventilation spontanée en pression positive continue (CPAP) dans le Nord. Après avoir reçu des directives, un patient peut alors utiliser l’appareil à la maison. Seule la micropuce doit être envoyée à Ottawa, où la Dre Leech en interprète les données et formule ses recommandations. « Voilà une solution économique et pratique pour les patients, en plus d’offrir des résultats plus représentatifs », ajoute la Dre Dugan.
Dans un autre cas, il était impossible pour un patient en soins palliatifs à Ottawa d’aller au Nunavut. L’équipe de télémédecine a donc organisé une téléconférence avec 20 membres de sa famille. « Ils ont chanté et fait leurs adieux », se rappelle Veronika Uriev, infirmière spécialisée en télémédecine. « Les enfants ont lu des poèmes et le patient est mort peu après. »

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